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A l'envers et contre tout
19 février 2006

You are my Mona Lisa©

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Une semaine. D'un dimanche à l'autre.

Il y a huit jours exactement, elle et moi, on pose nos énormes sac sur le gravier humide, au milieu de nulle part dans la campagne profonde. Chateau de Brémontier Merval. Et c'est en fronçant les sourcils que je me dirige vers le batiment D. Chambre du haut. En cohabitation avec quatres autres personnes.

Flingues en poche, tout de même.

Se casser la gueule dans la boue, compter ses bleus le soir sous la douche et faire un concours. Rencontrer des tas de gens à qui on aurait jamais parler en dehors de ce contexte là. Créer des soirées des plus étranges. Là sous la verrière au toit qui fuit, martelé par la pluie, qui degeule sur les vitres, le petit poste bleu posé par terre crache son rap, pendant qu'on y ajoute nos djumbés. Parce qu'on a decidé d'oublier dreads, casquettes nike, ou petites lunettes rondes. Parce qu'on a decidé de fermer nos yeux d'aveugles, et d'ouvrire nos oreilles, et le reste.

Y avait ces deux types, le sourire au lèvres, qui parlaient de la vie au bled. J'te jure Jamel, les gosses, dès que possible on les emmène au bled. On leur fait visiter, Casa', les marchés... Sur la vie d'ma mère mon frère, je sais que vous nous prenez pour des cons, mais des fois vous vous plantez.

Et on se plantait.

Comme des merdes, on se plantait.

Le besoin collectif de musique. Peu importe laquelle.

J'ai vu de la magie.

Un djumbé. Deux mains qui entament un rythme. L'envie chatouille les trente-sept jeunes cons que nous sommes. Un premier attrape deux batons, tape sur une table. En un rien de temps, un deuxième fabrique une contrebasse avec une caisse en bois et du fil de pêche, un autre souffle dans un grand tube en carton, d'autre tapent en rythme sur tout et n'importe quoi. Jusqu'à s'en faire mal aux mains, toute la nuit, peu importe qui est qui, qui est quoi. Aïssatou oublie son jogging Adidas et son rap habituel, ses tresses africaines se balancent, elle est l'Afrique avant tout. Peu importe, j'ai dis, peu importe. On a réussit, on a fait du milk shake avec nos styles à la con.

Allez viens, raconte moi la cité. C'est toi qu'en ris et moi qu'en pleure. J'crois qu'on y connait rien tu sais. Mais peu importe, raconte. Raconte le bled et les marchés. Raconte les flics et la cité. Aprés nous on te raconte, les festivals de l'été, tu me presente un certain 2PAC, j'te presente Bob Marley, on aime pas, mais on en riera. Tiens regarde, par chez nous, le joint on le fait tourner, on le fume pas de notre coté. Ah ça, on s'était bien plantés.

Le temps passe. Les petits dej' tartines au miel, les matinés artistiques, la mongolfiere en papier crépon, le scie sauteuse qui s'enroule dans l'echarpe, les rires mal reveillés. Les aprés-midi dans la boue, a jouer sans comprendre les rêgles, ré-instaurer pour un instant la loi du plus fort, et bouffer de la terre. Les soirées Loup-Garou, les fou-rires incontrolés, les soupirs injustifiés, les chansons par dizaines...

Qui peut faire de la voile sans vent ? Qui peut ramer sans râmes ? Et...?

Le sadisme, qui reste là tout de même, sous mes cheveux, juste là.

Dernier soir. A la cantine il y a trop de bruit, ca cri ça ri, mais moi je ne ri pas..Migrhaine, tendre migrhaine, le retour. Les chuchotements deviennent hurlements. Ma fourchette, dans mon assiete, ecrase avec rage les haricots verts innoncents, mon couteau se plante avec colère dans la pomme, j'ecrase tout, transforme tout en bouillie, ma tête brûle. Ca y est je les deteste tous.

Une semaine, ouais. Mais pas un jour de plus.

La tête d'Aïssatou dans mon cou, ses tresses sous mon nez. Mais non j'pleure pas, sur la vie d'ma mère, ca m'zarav putain.

Allez, c'est bon va, manquerait plus que je donne dans le sentiment. Gens de merde, je deteste vous apprecier, tiens.

Je peux que faire de la voile sans vent, je peux ramer sans rames, mais...

Pas le temps d'être nosalgique. Demain je grimpe dans un nouveau train, j'ai du monde à découvrire, des gens à voir sourire, des souvenirs à contrsuire. Encore.

[ Pix : Aïssatou's hands, by me ]

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Commentaires
F
Ca Fée longtemps. Que je ne suis pas venue une peu te voir. (Féemoipeur)
K
moi je l'adooore!quelle belle note!pleine de poésie!
D
j'aime beaucoup ton blog il est très touchant
S
Ouaip, je decris un stage BAFA ;) Merci bien d'être passé.
D
Mais qui peut quitter son ami, sans verser de larmes ?<br /> BAFA?
A l'envers et contre tout
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