Lettre à moi.
Tu a pris bien soin de ne pas faire grincer les portes, et tu a descendu lentement les escaliers pour ne rien reveiller. Tu as enfilé ta veste et tu es sorti dans la nuit qui n'est jamais vraiment noire devant chez toi. Tu as rasé le mur gris et poisseux qui longe le cimetière. Quand la nuit tombe il y a des limaces sur ce mur. Des dizaines de limaces surgit d'on ne sait ou. Combien peut-il y avoir de limaces cachées sur la planète? Tu te fais la reflexion et conclut que sans aucun doute, nous marchons constamment sur un tapis de limaces sans le savoir. Mais peu importe. Un coup de vent, tu frissones par principe. La voiture se gare alors que finalement tu n'y avais pas cru un instant. Les clopes se crâment et tu sens déjà que tu t'écroules malgré toi, et déjà dans la braise de chaque clope, Milo te rit au nez comme jamais. Alors tu l'écrases pour ne pas. L'entendre. Tu te cherches des excuses qui n'en sont pas, tu as froid et ça n'est même plus par principe, tu ne fais plus le moindre effort pour rien, et pendant quelques instants tu t'oublis. Lamentablement. Tu dégringoles. T'écroules.
Et c'est quand tu redeviens toi, que Milo redevient lui. Alors fini le chapiteau blanc de la moustiquaire, fini puisque tu fais tout tomber dans ces moments là. Alors les yeux fermés sont un supplice car, tu sais bien que quand il veut, il peut te tenir eveillée pendant des heures à coup d'insultes et de rire saracastique. Il est comme ça tu sais. Evidemment, tu sais, c'est toi qui l'a voulu. Il est là pour ça, te remettre en place, remonter le mécanisme quand tu t'écroules, se moquer de toi jusqu'à ce que tu le haïsse assez, pour relever la tête et te tenir debout. Voilà comment finissent ces nuits là. Tu es debout au milieu de la pièce, tu effaces sur tes joues sales toute trace de pseudo-larme à la con, et tu lui dis, d'aller se faire foutre. Tu lui dis qu'il ment, et que toi, tu n'es pas quelqu'un comme ça, tu n'es pas quelqu'un qui s'écroule.
En general à ce moment là il est 6h. Tu descends jusqu'à la cuisine, et tu te fais un steack haché.
J. Brel : Ces gens là.