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A l'envers et contre tout
18 juin 2006

Le pain d'épice et la poussière.

smoke_it

Dans le vieux taquot rouge qu'on dit que c'est un bateau, il y a comme des rayons de soleil qui caressent le visage avec un air de vacance. Par les fenètres grandes ouvertes le vent nous décoiffe la gueule, rentre dans nos bouches, se coincent dans nos joues, et nous forcent à sourire. Et quand les vitres se ferment les sourires restent toujours.

Entre pelouse et bitume, le son posé là, au milieu de nulle-part, c'est pas vraiment un festival, mais on s'en contente largement. Le temps que la nuit tombe, que le joint se consumme, le temps de voir des fées et de buter la lune sans trop y croire.

Le temps de pas grand chose. Le temps d'être Houle y Gahn, Stup et Flip, Moby Dick et Moby L'homme, Ex et Téra. Le temps de se rendre comtpe qu'on peut faire autant de choses en une nuit qu'en une journée. Oui, dormir est une perte de temps.

Pour finalement se retrouver dans les sous-sol du Morrisson entre une bougie mystique et une rose en plastique, le temps d'être la tache colorée dans un monde dark néo et gothique. Et le pire, c'est que c'est drôle.

L'appartement vert et blanc est vide. J'ai envie de le retoucher avec photoshop, lui enlever un peu de sa saturation, lui ajouter un peu de contraste, et sur le sol de la cuisine, poser un personnage sordide et torturé qui se noierait dans son cendrier.

Par la suite je ferais un film genre Requiem for a dream et serais riche. Pardon.

Sinon quoi? J'aurais bien demandé à Blanche Neige de garder l'entrée pendant quelques temps, mais c'est bien connu, on ne peut pas faire confiance aux princesses.

C'est dans ce même appartement vert et blanc que le téléphonne sonne et me sort de l'engourdissement. c'est dans ce téléphone que ma voix malhabile bredouille mensonges puérils, dans ce même téléphone qu'on m'annonce que. Et puis c'est quoi cet hopital à la con? Je sais même pas écrire son nom. Non. Ne me dis pas ça, c'est stupide, on avait dit que ça n'arriverait pas.

Comprenez. Ma grand mère est ce genre de personne qui pourrait retourner la terre avec ses mains, la terre entière, tellement c'est quelqu'un de fort. Ma grand mère a des yeux de nouveau né qui découvre. Elle boit son café au lait dans un verre à moutarde tous les matins, sur la toile cirée aux dessins délavés. Elle trempe son croissant dedans et le machouille en aspirant le café qui se serait niché dans chaque miette qu'elle avale. Ca fait un bruit dégoutant. Mais ma grand-mère s'en fout parce que, d'abord elle est sourde, et ensuite, il n'y a personne dans la maison pour l'entendre. Sauf peut-être l'âme errante de grand père qui flotte encore dans la veranda comme un papillon blanc. Mais grand-père ne se souciait pas de ce genre de détail. Ma grand-mère a des mains abimées par le travail. Ca les rend jolies. Avec ces mains elle a pétrit, dix fois, cent fois la pate à pain dans la grande bassine rouge. Je me souviens de ses mains lorsque l'on jouait au dominos. On y jouait souvent, aux dominos. ils étaient rangés dans le petit placard blanc, ce placard que l'on connait tous, celui qui n'a pas de fonction, celui ou l'on peut ranger n'importe quoi, ça sera toujours rangé. Les dominos sont dans une boite en bois couleur miel qui sent le pain d'épice et la poussière. Toutes les choses qui sont dans ce placard sentent pareil : le pain d'épice et la poussière. Les dominos sont vieux, trop vieux, trop de mains ont sué dessus, et parfois avant de jouer, on doit repasser avec un stylo bic sur les petits points noirs, car ils s'envolent. On a souvent tenté de lui en offrire des neufs, mais ma Grand-Mère n'en veut pas, il n'y a que ceux-là qui tiennent bien en main, que ceux-là qui la font gagner. Ma Grand-Mère aime rire et danser. Elle est du genre vulgaire et elle n'a peur de rien. Elle parle du cimetière comme d'une prochaine adresse, elle me dit "tu m'enverras des lettres, boulevard des allongés"; Boulevard des allongés. D'accord. Mais si tu dois y aller, tu ne passeras par tout ça avant, vous comprenez? Ma grand-mère n'a rien à foutre dans un lit tout blanc ou il n'y a même pas de motifs sur les draps. Vous comprenez? Ma Grand-Mère va se relever en grognant, elle va rentrer chez elle et se faire une bonne soupe. Vous comprenez ?

Biiip. Biiip..

Est-ce que ça va ? Evidement que ça va. Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse? J'ai arreté de pleurer depuis que j'ai compris que moi quand je pleure c'est même pas beau. Est-ce que ça va ?

Il est là comme un point d'interrogation. Il est là, loubard des temps modernes, il parle de son enfance en disant "A l'époque" comme si il était vieux; il raconte souvent, les conneries d'avant, celles qui ne font pas rire les grands, qui me font sourire moi. Avec sa voix de loubard il parle, de sa mobylette et de ses treize ans, et des profs qu'il charmait. Sa casquette eternellement scellée sur son crâne, je me dis qu'on a valsé. Est-ce que ça va? Oui, ça va.

Même si, Blanche Neige est une conasse, même si j'arrive pas vraiment, à marcher droit, comme il faudrait. Suis-je si maladroit, et tristesse à la fois? Même si j'ai la tête qu'est trop petite pour tout le monde qu'il y a dedans, même si tu comprends pas que je ne suis jamais seule, même si je n'arrive pas à tout suivre en même temps, même si franchement, qu'est-ce qu'on pourrait bien faire, d'un vieux tas de linge sale comme moi, d'une citerne à trois étoiles ?

Peu importe. Il fait beau. J'ai un pokémon géant sur les genoux, une theière de coca pleine, et un oral d'arts plastiques demain. Enjoy.

Les Elles : Les pauvres

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Commentaires
M
demoizelle, t'es enfin en vacances<br /> j'espere que ton oral s'est bien passé<br /> désolé de la banalité
P
Une tête c'est toujours assez grand pour le monde puisqu'il faut rentrer que celui qu'on aime.<br /> "la vie est parfaite" qu'elle a dit. Et moi je le répète tant je n'arrive pas à croire que j'ai une amie qui pense comme ça.<br /> Oui la vie est parfaite simplement parce qu'on a trop de gens dans la tête.
A l'envers et contre tout
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